Communiqué du 17 décembre 1998


Irak :

L'attaque anglo-américaine crée un double précédent.

D'abord l'attaque unilatérale contre un peuple sous contrôle international, au moment où allait se réunir le Conseil de sécurité de l'ONU, pourrait, si la communauté internationale l'approuvait, inciter à l'avenir tout pays de la planète à se prévaloir d'un vague droit d'ingérence pour déclencher un conflit. Nous sommes en train de dessaisir l'ONU plus complètement qu'elle ne l'a jamaisété, et de préparer des guerres.

Ensuite, le cavalier seul britannique parmi les pays européens rappelle le cavalier seul allemand dans la crise yougoslave : la division politique des européens n'est plus l'exception, elle devient la règle, confirmant qu'il n'y aura pas de sitôt, et sans doute jamais, d'Europe politique.

Le ponce-pilatisme du gouvernement français est scandaleux : la France, l'un des cinq grands au Conseil de Sécurité, doit se déclarer pour ou contre au lieu de céder une fois encore à la politique de l'eau tiède. Elle doit défendre le droit international et son instrument, l'ONU, et condamner, comme l'ont déjà fait la Chine et la Russie, ce qui ne peut être regardé que comme une violation inadmissible de la Charte des Nations.

Philippe de Villiers, président du Mouvement Pour la France